GUERRE DE 1870

Le 2 décembre, à Loigny, 40 000 Français appartenant au 16e corps et à une partie des 15e et 17e se battent avec acharnement contre 35 000 Allemands. Ils perdent 7 000 tués et blessés (...), plus 2 500 prisonniers. Au moins 4 000 de leurs adversaires sont mis hors de combat. Mais la lutte continue les 3 et 4 décembre dans les environs de Loigny, notamment à Artenay et à Patay. La température est glaciale. Le sol est couvert de neige. Les combattants éprouvent d’énormes difficultés à tenir leur arme, à faire du feu, à se nourrir. Leur moral en souffre terriblement. » (cf. Serman et Bertaud)


Récit de la bataille

La Bataille du 02 décembre 1870

 

Dès le 30 novembre 1870, l'armée de Loire, sous le commandement du général d'Aurelle de Paladines, est en route vers Paris assiégé.

 

Le 02 décembre 1870 à 8 heures du matin par - 20 degrés, la lutte reste indécise, la ligne d'engagement s'étire d'Artenay, par Lumeau, jusqu'à Orgères-en-Beauce. 40.000 français sont face à 35.000 confédérés. L'état-major français est au château de Villepion, le commandement allemand au château de Goury.

 

Vers les 14 heures, le froid est rigoureux, il commence à neiger, l'armée française reprend sa progression, dépasse Loigny, se heurte à une résistance importante (des renforts sont parvenus à l'adversaire), qui lui fait regagner ses points de départ. Loigny est abandonné, le village est en flammes. Le 37 ème Régiment de Marche est encerclé dans le cimetière.

 

Vers les 15 heures le général Chanzy organise son repli, assuré de la relève du général de Sonis dont les forces font mouvements vers Loigny. La situation s'avère désespèrée. Afin de permettre à l'armée de se retirer, de tenter aussi de dégager le régiment du cimetière, le général de Sonis, par une charge restée célèbre engage une attaque de fixation de l'ennemi au cours de laquelle il sera grièvement blessé. Cette charge, forte de 800 hommes environ dont 300 zouaves pontificaux, sous les ordres du colonel de Charette, drapeau tricolore et bannière du Sacré-Coeur en tête, bouscule l'ennemi, atteint les premières maisons de Loigny, mais c'est déjà trop tard. Vers les 18 heures, quelques derniers coups de feu terminent la Bataille de Loigny.

 

Ce soir là, au total plus de 9000 hommes manquent à l'appel, après le canon, le froid fait le reste.


PATAY DU 1er au 4 DECEMBRE 1870

La bataille autour de Patay : 

 

Après la victoire de Coulmiers, le 9 novembre, le général Chanzy avait établi son quartier général à Saint-Péravy-la-Colombe. 

Le matin du 1er décembre, une journée claire et froide, le général, son état-major, le train des équipages inondaient chemins, jardins et champs autour de Patay. 

 

De tous côtés, le regard n'apercevait qu'un immense déploiement de troupes françaises. 

 

Le combat commença presque aussitôt. A Guillonville, le feu prit aux maisons. Puis, l'effort du combat tourna sur le château et le parc de Villepion qui fut occupé en fin de journée. 

Pendant ce temps, d'autres combattants occupaient le village de Faverolles et la ferme de Nonneville. A Patay même, les blessés affluaient. 

L'école des filles, transformée en ambulance, était encombrée. Faute de place, les malheureux qui avaient encore l'usage de leurs jambes devaient monter au grenier où, sous l'ardoise, la paille défendait mal du froid piquant de la nuit. 

 

Le lendemain, 2 décembre, vers 9 heures, le combat reprenait. Dans les rues de Patay, on croisait les zouaves pontificaux, les soldats du pape qui, avant le combat, voulurent entendre la messe. 

Un peu plus tard, des courriers arrivaient près du général Chanzy, toujours à Patay : le château de Goury avait été abandonné, Villepion était menacé. Le combat se concentrait alors sur Loigny. Le courage des zouaves pontificaux et du colonel de Charette est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'insister. Les zouaves ne furent pas les seuls héros de cette journée. 

 

En ce 2 décembre, à Patay même, les détonations continuelles du canon, le crépitement presque incessant des mitrailleuses et de la fusillade faisaient sur tous une profonde impression d'épouvanté, mêlé à tout cela, le bruit des voitures ambulances, de charrettes conduites par des paysans en fuite, le roulement sonore des batteries. 

 

Les blessés nombreux dès le matin arrivaient sans cesse : granges, bergeries, écuries, remises étaient remplies. L'église, au lieu des hymnes sacrés, retentissait de cris de douleur. 

 

Au cours de la nuit du 2 au 3 décembre, les généraux des diverses unités vinrent rendre compte de leur situation respective : les hommes étaient à bout de force, certains n'avaient pas mangé depuis la veille, d'autres n'avaient plus de chaussures. 

Après avoir signalé la situation au général d'Aurelles, Chanzy, craignant d'être pris à revers par l'ennemi, donna l'ordre de la retraite.

 

L'arrivée des Prussiens :

 

Dès le matin du 3 décembre, ce fut dans Patay la plus indicible confusion : une foule humaine qui n'est plus une armée, qui n'a plus d'ordres ni de chefs. 

Un pêle-mêle d'hommes de toutes armes et de tous costumes. Des blessés qu'on charge sur des voitures pour les transporter au loin, tandis que d'autres arrivant un instant après sont mis à leur place. Ajoutez au tableau le bruit sourd du canon qui tonne toute la journée. 

 

Vers le midi, les habitants comprenant enfin la situation furent pris d'une panique soudaine. On s'agite, on court comme affolé de terreur. 

 

Le 4 décembre était un dimanche, on devait ce jour là célébrer la fête de l'Immaculée Conception. 

Soudain un cri, "les Prussiens", au même moment, une détonation, un obus explose sur la place. 

Le général de brigade de Tucé, dont la cavalerie est sur la route de Lignerolles, arrive et envoie des vedettes dans le clocher, les mobiles de Loir et Cher prennent position derrière les murs des jardins. 

 

Des nuages de fumée noire et infecte envahissent la ville, le feu avait pris aux premiers coups de canon et s'était développé sous l'action d'un vent violent et sec. 

 

Vers onze heures, la fusillade cessa subitement, l'ennemi s'étant éloigné devant la résistance des mobiles. Mais les mobiles ayant reçu l'ordre de se replier, la ville devenait sans défense. 

 

Vers deux heures, l'ennemi posté près de Moret recommença à tirer sur la ville, de nouveaux incendies s'allumèrent. Le vicaire, Monsieur l'abbé Garnier, du haut d'un mamelon devant le cimetière agite avec un bâton un drapeau d'ambulance. 

Le feu cesse aussitôt, le signal a été compris. Quelques instants après, les ennemis, piétons et cavaliers entraient comme une trombe par toutes les issues. 

 

Le torrent dévastateur envahit tout, semant sur son passage la terreur, le pillage et la ruine. Les envahisseurs sont les maîtres absolus, la nuit venue, dans la joie, ils dévorent en un repas la subsistance de familles entières. Pendant ce temps, des maisons continuaient à brûler sans que personne ne s'en soucie. 

 

Le mardi matin, les envahisseurs quittaient la ville pour être remplacés par d'autres jusqu'à la fin de l'occupation. 

 

Le 4 décembre 1871, fut bénie, dans le cimetière de Patay, une croix monumentale élevée sur la fosse qui recouvre les corps de 73 français, dont 55 connus. 

Leurs noms sont inscrits sur le monument. Bon nombre des anciens mobiles de Loir et Cher assitèrent à cette cérémonie présidée par les maires de Patay et Rouvray.

 

Henri de Suarez d'Aulan est né le 3/1/1839.

Il est promu Sous lieutenant le 1/10/1860 au 1er régiment de carabiniers.

Il est pris en photo ici à Livourne en 1860, pour le mariage de son frère ainé avec la fille d'un sénateur du royaume d'Italie.

En janvier 1866, peu après la fusion des deux régiments de carabiniers, il est promu Lieutenant au 6e régiment de Hussards.

Il est nommé Capitaine en 1870, peu avant le début de la guerre de 1870. Au dépôt de son régiment, comme capitaine adjudant major, il n'assite pas aux opérations en Lorraine et aux revers de l'armée impériale. En revanche, il fait partie du 4e régiment de marche de dragons, mis sur pied le 4/10/1870 et engagé au 16e corps d'armée à l'armée de la Loire.

Distingué lors de la bataille de Coulmier, il reçoit la croix de la Légion d'Honneur. Il est tué le 1/12/1870 lors de la bataille de Patay, alors que son régiment est pris sous le feu de l'artillerie ennemie.